Entre golfe et baie, entre plage de Portigliolo dans le Valinco et Tizzano dans le sartenais, ce sont des vagues de collines accolées les unes aux autres qui fuient vers l'horizon, des cols inconnus qui prennent le maquis.
Portigliolo, c'est la plage d'une vie toute entière, celle qui a accueilli chaque été enfants, amis et famille. Chaque mètre carré de sable fait ressurgir des instant heureux : les interminables bains de soleil, les parties de foot endiablées, le camping sauvage et les vaches errantes qui vous réveillent le matin, les pas de notre père au torse velu et à la susceptibilité légendaire, les baignades nocturnes avec une beauté au long cou de gazelle et les serments d'un adolescent sous les étoiles.
Maintenant, la magnifique résidence de vacances U Livanti remplace les toiles de tentes du Comité d'entreprise d'autrefois, mais la plage garde sa beauté naturelle avec ces rochers qui égratignent la méditerranée et ce maquis omniprésent qui protège, jusqu'à Propriano, un long ruban de sable doré.
Bref ! c'est la plus belle plage de Corse...
Et puis, sans coup férir et dans un concert de cigales déchainées, la route se cabre, surplombe le golfe du Valinco et après un sacré virage digne de l'Alpe d'Huez, se tourne vers l'intérieur, vers Belvédère et un petit col, Foce di u Poggio.
Là, la montagne reprend ses droits, c'est le domaine austère des chênes et des rochers gigantesques aux visages parfois effrayants. Grand plateau, on file à toute allure vers Grossa sur des pentes à 5 et 6%.
Après l'Hôpital de Sartène implanté en pleine nature, on bifurque vers Tizzano. C'est une longue suite de montées et descentes dans une contrée habitée depuis la Préhistoire...
A Tizzano, le vent s'est levé, l'écume balaie côtes et rochers, la mer agitée nous hypnotise. Puis, libéré de son emprise, on commence à musarder dans l'unique rue, scrutant les menus présentés par les restaurants du bord de l'eau .
Ils pourraient bien nous accueillir un prochain soir !
Très vite le fumet qui s'échappe des cuisines nous titille les entrailles, il vaut mieux s'éloigner.
Prochaine étape, Sartène et sa célèbre place Porta qui grouille de monde, les étals des commerçants assiégés par les touristes qui jettent leur dévolu sur les fromages et la charcuterie et cette sono qui égrène des chansons corses...
Dur de quitter cette ambiance festive et de se lancer à 13 heures, dans une difficile montée, avec des passages supérieurs à 10%. Pour être franc, quand, trempé de sueur, on aperçoit le lavoir réhabilité à l'entrée de notre village, on est soulagé après 95 kilomètres et un peu de dénivelé, 1541 mètres en l'occurrence.